Roquefixade : une vraie bastide

Roquefixade est une vraie bastide. Elle en possède le nom, le fondateur, l’organisation, la charte de coutumes.
Les bastides sont des créations délibérées de villes nouvelles qui voient le jour entre le XIIe et le XIIIe siècle dans le Sud-Ouest. Elles sont mises en œuvre par une autorité ou plusieurs s’associant alors en un contrat de paréage. Leurs objectifs sont d’organiser des centres de peuplement générant des revenus par l’imposition ainsi que de permettre un contrôle des populations et une emprise sur un territoire. Les chartes de fondation prévoient l’attribution d’emplacements à superficie bien définie de maisons et de jardins à chaque futur habitant. La ville adopte un urbanisme établi selon un tracé planifié.

Le fondateur de la bastide de Roquefixade est Simon Brisetête, sénéchal de Carcassonne. Le sénéchal est chargé d’exercer au nom du roi, sur le territoire dont il a la responsabilité, tous les aspects de l’administration : justice, fiscalité, défense, gestion ordinaire. C’est donc un personnage important qui met en œuvre cette bastide au pied du château « pour l’exaltation de la sainte foi catholique et l’extirpation de l’hérésie ». Elle est dénommée La Bastide de Montfort en référence au croisé Simon de Montfort qui mena campagne contre les seigneurs occitans liés au catharisme. Une charte de coutumes est établie au moment de la fondation. Il n’y a, en revanche, pas de contrat de paréage puisque l’autorité royale œuvre seule sans avoir besoin d’un associé. Il semblerait que les noms de Roquefixade et la Bastide-de-Montfort aient perduré tous les deux un certain temps, le premier pour désigner l’emplacement du château, le deuxième celui du village.

Les maisons sont installées sur un relief et doivent en épouser les contours. Elles s’étendent le long de quelques rues parallèles pour profiter des espaces plats. Elles s’étagent tout en tenant compte de la pente escarpée qui constitue une enceinte naturelle. La circulation transversale est limitée. La place est importante. 

C’est principalement dans la permanence des tracés (réseaux viaires, lotissements et par les relations des différents éléments les uns avec les autres) que l’on trouve la trace de la bastide. Celui de Roquefixade est particulièrement bien conservé et est pris en compte dans les protections patrimoniales.