Près de 500 bastides voient le jour entre 1222 (Cordes) et 1373 (la Bastide-d’Anjou) dans le sud-ouest. L’aire géographique va de l’Océan Atlantique, aux Pyrénées (sauf Pyrénées-Orientales), jusqu’à la vallée du Rhône. La limite septentrionale est plus difficile à tracer : quelques bastides en Saintonge, beaucoup en Périgord, Agenais, Rouergue, Quercy et quelques-unes en Haute Auvergne, en Velay, en Vivarais. Ce sont des créations délibérées de villes nouvelles dans un contexte d’essor des défrichements et de l’agriculture, de la démographie et du commerce. Il s’agit de mettre en oeuvre des centres de peuplement générant des revenus par l’imposition ainsi que de permettre un contrôle des populations et une emprise sur un territoire. Ils sont entrepris par une autorité ou plusieurs s’associant alors en un contrat de paréage. Les chartes de fondation prévoient l’attribution d’emplacements à superficie bien définie de maisons et de jardins à chaque futur habitant. Certaines définissent les droits et devoirs des nouveaux occupants. Enfin, la ville adopte un urbanisme établi selon un tracé planifié. Dans la création des bastides, il y a le souci original de faire la ville, c’est-à-dire non seulement de disposer des bâtiments publics mais de prévoir hiérarchiser et ordonnancer les espaces publics (place, rues principales, secondaires, ruelles, limites claires). Sans être exclusives, ces caractéristiques concernent à la fois le statut de la ville (données juridiques) et sa forme (données urbanistiques).
Il existe un certain nombre de vraies bastides sur le territoire : Roquefixade… On en connaît le fondateur, la charte de fondation… D’autres sont considérées comme telles car elles en présentent certaines caractéristiques. C’est le cas de la Bastide Bousignac et de la Bastide sur l’Hers dont on ne connaît pas les conditions de fondation mais leur seul nom les caractérise. Mirepoix est un cas particulier. La ville présente en effet une forme d’organisation parfaitement caractéristique des bastides. En revanche, sa charte de fondation ne date pas de la création de la ville que nous connaissons aujourd’hui, mais du castrum antérieur.
Sur le territoire des Pyrénées Cathares, plusieurs villages, sans être des bastides, présentent un plan régulier. On peut donc se poser la question de l’existence d’une volonté délibérée d’organiser l’espace dans lequel s’exercent la vie collective et les rapports sociaux. Cela semble être le cas pour les villages abritant des castrum ayant vraisemblablement été délaissés au profit de la plaine peut-être sous l’impulsion des seigneurs de Lévis, comme à Dun.
La dimension patrimoniale de ces bastides repose en partie sur leur parcellaire (régularité des divisions, plan quadrangulaire, un ou deux axes de composition et une succession d’îlots remplis de parcelles) puisque les maisons, places et églises ont vraisemblablement beaucoup changé. Ce parcellaire est fréquemment remis en cause par l’évolution des modes de vie. La spécificité des bastides mérite d’être prise en compte dans les protections patrimoniales.