Le XIXe siècle, renouveau du vitrail
Le contexte de sauvegarde des monuments anciens (dû en grande partie à la création des Monuments Historiques en 1830), est un des principaux facteurs qui conduit à un renouveau de l’art du vitrail au XIXe siècle. La peinture sur verre, qui avait presque disparu des églises depuis le XVIIe siècle, retrouve vie en partie grâce à Alexandre Brogniart, qui crée la manufacture de peinture sur verre à Sèvres en 1827. Le renouveau technique et esthétique du vitrail est désormais amorcé et les entreprises privées peuvent se lancer. Au XIXe siècle, on compte plus de 700 ateliers de peintres verriers à travers la France. Cette renaissance coïncide également avec la restauration de la foi catholique, qui joue un grand rôle dans l’embellissement des églises et qui favorise également l’érection de nombreux édifices. Plus que toute autre technique artistique, alors en vogue, le vitrail va être considéré comme un moyen de catéchèse et de propagande dans le domaine religieux. Parallèlement, le XIXe siècle est une période de redécouverte du Moyen-Âge. Dans cette période post-révolutionnaire de nombreuses églises font l’objet de restauration. Pour cela, les archéologues demandent aux peintres verriers de s’imprégner des techniques, mais également des caractéristiques stylistiques des artistes du XIIIe siècle. C’est dans ce contexte que naît le vitrail «archéologique». Certains historiens lui préfèrent le nom de «néo-médiéval». Il reprend en effet des formules de vitraux médiévaux : les personnages s’inscrivent souvent dans des arcatures romanes ou gothiques, on retrouve des rinceaux de feuilles d’acanthe, des bordures végétales composées de roses, feuilles d’acanthe ou autre. La partie la plus artistique du vitrail est celle de la peinture. Et la spécificité du vitrail du XIXe siècle, c’est l'importance que prend la peinture sur verre. Il y a quelques verres colorés dans ces vitraux, mais il y a surtout des verres peints. À cette époque, le plomb disparaît quasiment. On a plutôt de grandes pièces de verre abondamment peintes, alors qu’au Moyen-Âge le fractionnement est beaucoup plus grand, le plomb fait partie du dessin.
Une ère industrielle
Les nouveaux ateliers de peintre-verriers ont la taille de véritables entreprises. Pour produire d’avantage, les coûts sont limités en modifiant et en simplifiant les procédés de fabrication : les dessins sont réutilisés, les mêmes personnages sont réorganisés selon le cadre architectural environnant et les motifs répétitifs des bordures sont obtenus par impression au pochoir. Il s’agit d’une fabrication quasi industrielle qui demande une répartition des tâches selon les compétences de chacun. Le maître verrier crée le modèle, décide des couleurs et peint le vitrail avec l’aide de plusieurs assistants. Les autres membres se chargent des tâches moins nobles (coupe du verre, cuisson et mise en plomb). Ces nouveaux « artistes industriels » vendent leur production sur catalogue.
Les ateliers Gesta
De nombreuses églises du territoire ont été rénovées à cette période et ce fut l'occasion de les doter de vitraux réalisés par des maîtres verriers du sud-ouest de la France. Une grande manufacture toulousaine va particulièrement s’illustrer sur notre territoire : les ateliers Gesta. Elève de l’école des Beaux-Arts, puis de l’Ecole centrale des Arts et Manufacture de Paris, Louis Victor Gesta ouvre son propre atelier en 1852 à Toulouse. Cette manufacture compte parmi les plus grandes productrices de vitraux de France. Primé à de nombreuses expositions, notamment à celles de Marseille, Toulouse, Nîmes, ainsi qu’à l’Exposition Universelle de 1867 (2° prix), décoré de l’ordre de Saint-Sylvestre par le Pape Pie IX, Louis Victor Gesta a essaimé ses œuvres un peu partout en France, à l’étranger et beaucoup en Midi-Pyrénées. Même s’il fait partie de ces « artistes industriels » qui ont été beaucoup critiqués, Louis-Victor était un véritable artiste. Ces vitraux ont un caractère industriel car produits en série, mais ils sont de très bonne qualité. Il s’éteint en 1894, laissant trois héritiers : Louis, Henri et Gabriel, qui deviennent à leur tour maîtres verriers réputés dans la France entière.
Les vitraux L.V. Gesta sur le territoire : Camon, Dun, Léran, Lavelanet, La Bastide de Bousignac, Mirepoix, Montferrier, Rieucros.
Les vitraux Louis Gesta sur le territoire : Belloc, Moulin-Neuf, Roquefixade, Troye d'Ariège.
Les vitraux Henri Gesta sur le territoire : Fougax et Barrineuf, Dun, La Bastide sur l'Hers, Saint-Blaise de Bélesta, Villeneuve d'Olmes.
Les vitraux Gabriel Gesta sur le territoire : Le Carla de Roquefort, Lieurac.
Le Pays des Pyrénées Cathares compte également des vitraux d'autres maitres verriers reconnus : Louis Saint-Blancat de Toulouse (Dun, Lavelanet, La Bastide de Bousignac, Lagarde, Bénaix) ; Amédée Bergès (Notre-Dame du Pont à Laroque d'Olmes, Cazals des Bayles) ; Bordieu (Saint-Blaise de Bélesta) ; Paul Chalon (Notre-Dame du Val d'Amour à Bélesta).