Projets : Valorisation des friches industrielles

Un nouveau projet pour le Pays d'art et d'histoire: la valorisation de l'histoire industrielle en Pyrénées Cathares à travers les friches et l'immigration.

En Midi-Pyrénées, l’industrie a marqué le territoire et les Hommes de son empreinte. Les Pyrénées Cathares ont participé à cette épopée industrielle et c’est le textile qui s’est principalement imposé aux XIXe et XXe siècles. D’après l’historien Jean-Michel Minovez, c’est un véritable territoire de la laine qui se constitue autour de Lavelanet. En effet, au milieu du XXe siècle, le Pays d’Olmes est le premier centre textile français de laine cardée et du tissu d’habillement en laine en 1974. Ce développement industriel se caractérise non seulement par l’apparition d’usines, mais également de gares, d’habitations ouvrières et de maisons bourgeoises. Cependant, la crise, commencée dans les années 1970, touche à son tour notre territoire dans les années 1980. Si le Pays d’Olmes est particulièrement jalonné de sites industriels, la plupart sont aujourd’hui à l’état de friche.

L’immigration a également marqué de son empreinte l’histoire sociale du territoire. Les différentes vagues d’immigration ont drainé plusieurs milliers de travailleurs étrangers venus d’Espagne, d’Italie, du Portugal ou encore du Maghreb afin de combler le manque de main-d’œuvre dans les usines.

Dans son rapport Histoire et mémoire des immigrations en régions,  Laure Teulières, Maître de conférence, insiste sur le fait que si la Grande Guerre va marquer une étape dans l’histoire de l’immigration en France, c’est durant les Trente Glorieuses que les principaux centres industriels, tel que Lavelanet pour l’industrie textile, vont voir augmenter la part d’ouvriers étrangers. Cette mémoire ouvrière du XXe siècle en Pyrénées Cathares reste à étudier et à questionner pour mieux comprendre l’identité du territoire et construire l’avenir.

Les friches industrielles font partie de l’environnement immédiat de la population et véhiculent aujourd’hui une image négative, synonyme de déclin. Elles sont pourtant le témoin important d’une période florissante de l’industrie et offrent de multiples possibilités de reconversion à un moment où la reconquête urbaine est devenue un enjeu important pour le territoire des Pyrénées Cathares.

La Communauté de Communes du Pays d’Olmes a réalisé un diagnostic établissant la liste des friches (une soixantaine), dont 19 déjà requalifiées, 23 classées en réhabilitation possible (dont 11 de nature industrielle), 11 en réhabilitation difficile (dont 8 de nature industrielle) et 9 en réhabilitation impossible, vouées à la démolition (dont 8 de nature industrielle).

Le projet porté par le Pays d’art et d’histoire a pour but la valorisation du patrimoine industriel des Pyrénées Cathares. Aujourd’hui, si l’activité industrielle est moins présente, notamment dans le domaine du textile, un travail d’étude et de valorisation doit être développé à l’échelle du territoire et plus largement à l’échelle du massif pyrénéen  pour que ce patrimoine Industriel continu à faire la fierté des habitants et soit porteur d’identité et de valeurs. Il s’agit aussi de véhiculer une image positive d’un territoire attractif au niveau économique et touristique.

Afin de mener à bien ce projet d’envergure, il est nécessaire de prendre en considération toute la dimension symbolique et historique des sites étudiés. Pour cela un travail d’inventaire et de récolte de mémoire doit être mené pour garder trace de cette histoire industrielle. La thématique de l’immigration est également à prendre en compte sur cette étude. En effet, si aujourd’hui notre territoire est fort d’une diversité culturelle, c’est en partie grâce aux différentes vagues d’immigration qui ont eu lieu notamment au XXe siècle pour combler un besoin en main d’œuvre.

Ce travail scientifique d’inventaire et d’ethnologie ne doit pas rester en sommeil mais doit vivre notamment au travers de la création artistique, ou de tout autre mode de médiation et de valorisation afin de garder vivante la mémoire des sites et de toute personne qui y a travaillé. Des résidences de création sont envisagées sur le temps du projet ainsi que des publications, de la signalétique patrimoniale, ou encore des expositions.

En bref, ce projet de valorisation des friches industrielles en Pyrénées Cathares doit être vu comme le laboratoire d’une démarche ambitieuse intégrant la dimension patrimoniale mais aussi historique, urbaine, sociale ou encore économique. Il s’agit là d’un projet transversal et pluridisciplinaire qui doit être envisagé comme l’aboutissement concret d’une réflexion à l’échelle du département, de la région ou encore du massif des Pyrénées.

Ce travail s’articule en cinq volets :

• Le volet inventaire, en collaboration avec le service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées dont l’objectif est de recenser, étudier et faire connaître le patrimoine.
• Le volet ethnologie qui consiste à collecter la mémoire des acteurs de l’histoire industrielle du territoire pour l’étudier, la conserver et la valoriser. La thématique de l’immigration est également à prendre en compte sur cette étude. En effet, si aujourd’hui notre territoire est fort d’une diversité culturelle, c’est en partie grâce aux différentes vagues d’immigration qui ont eu lieu notamment au XXe siècle pour combler un besoin en main d’œuvre.
• Le volet création artistique qui s’appuie sur le travail d’inventaire et d’ethnologie pour proposer une restitution via la création artistique (résidence d’artistes, spectacle, performance, etc.).
• Le volet valorisation du patrimoine industriel qui vient se nourrir des travaux précédents pour proposer au public la transmission la plus efficace possible par des publications, des expositions, des panneaux d’interprétation patrimoniale ou encore des circuits guidés ou en autonomie à l’aide d’applications mobiles.
• Et enfin, le dernier volet porte sur l’étude globale de faisabilité pour la requalification des sites pilotes étudiés pendant le workshop (23-29 avril 2016) sur la reconversion des friches industrielles. Cette étude se fera en collaboration avec le CAUE de l’Ariège.